Comment en suis je arrivée à la mer, au ciel et ses nuages et ce besoin d'un horizon sans fin ? Du plus loin que je me souvienne, ce sont bien sûr mes vacances en Espagne à Punta Prima, à 5km de Torrevieja, sur la méditerranée, où nous avions notre maison de famille.
Pendant les longues siestes que nous imposaient les adultes on lisait à l'abri de la chaleur dans notre chambre "noire". Et surtout mon grand-frère, de six ans mon aîné, inspirait mes envies ...
Alors en premier peut-être était "L'île au Trésor". J'étais fascinée par les pirates ! Bien sûr la jambe en bois, le cache-oeil et ce marin qui était un ivrogne violent et colérique. J'avais peur ! Et en même temps j'étais attirée, c'était mystérieux. Le trésor !!
Et ce novice qui embarque sur un bateau. J'avais envie d'être comme eux, ces jeunes garçons. J'étais une fille et je ne pouvais espérer faire ça.
La mutinerie m'a impressionné (comme dans "Les révoltés du Bounty". Dire non au Capitaine, c'était dire non à l'ordre établi et ça ne me déplaisait pas.
Oh ! (note de la rédaction) Et dire que je vais prendre la mer avec Florence... Ca promet.
Ensuite Moby Dick. La mer, les grosses vagues et la tempête, ces gros cétacés, les fonds marins qui regorgent de grandes bêtes qui surgissent avec une force immense et le danger pour les embarquations, la facination pour les mystères de la nature. Le cachalot, c'est impressionnant. la bataille entre l'Homme et la Bête.
J'ai toujours été attirée par les histoires de pêche, des chasseurs de baleines aux inuits, aux chasseurs de thons, ces pêcheurs d'Islande...
Les rescapés de la Bounty, c'est le premier livre de mon adolescence en pleine conscience. J'ai lu ce livre de ma propre initiative. (Pas celui de Jules Verne, les révoltés de la bounty). Là ce sont les expéditions, l'envahissement du monde par l'homme blanc, les rapports de force, la mutinerie. Plus tard, quand j'ai été plus âgée, je n'ai pas réussi à le relire... la colonisation ne me plait pas. Mais à la première lecture, c'était aussi la découverte de la nature, dans les ïles du Pacifique, la végétation, la découverte des îles et des hommes et de leur façon de vivre, de penser, de manger. Préférentiellement des gens de mer (bretons, inuits, peuplades du Pacifique, etc.
Oh ! (note de la rédaction) Et dire que je vais prendre la mer avec Florence qui met dans le même panier de crabes les bretons et les autres... Ca promet.
Jules Verne. Alors Jules Verne c'est immense. Il a tellement écrit de choses sur la mer. Aucun enfant ne peut passer à côté. Le Nautilus, l'intérieur de ce sous-marin luxueux avec un Capitaine un peu fou. Très vite Cousteau est venu derrière. Les fonds marins... Avec mon masque je n'avais pas peur d'être sous l'eau. J'avais toujours mon masque et mes palmes. On pêchait des étoiles de mer, les expéditions de mon père qui ramenait avec la brouette des poissons, des poulpes et leur encre noire. Il allait pêcher une sole pour mon repas de midi. Jules verne va sous l'eau, mon père aussi. Les machines qui vont sous l'eau m'intéressaient plus à l'époque que celles qui allaient sur l'eau.
Et aussi l'animal, la pieuvre géante!! Mon grand-père, lors d'une de nos plongées, (j'étais toute petite) nous avait dit de vite remonter... Il y avait une masse noire, sans doute une énorme pieuvre...
Wouhhh (note de la rédaction) La pieuvre de Jules Verne existe, Florence l'a rencontrée !!
J'ai une immense admiration pour Cousteau. Il essayait d'aller de plus en plus profond, d'explorer les mers. Il faisait voyager sous l'eau. Il décrit les sensations corporelles, ce que cela fait de plonger. Il arrivait vraiment à partager sa passion avec les ignorants que nous étions. Et il a développé les appareils sous-marins. Il a étudié et fait progresser les connaissances sur l'homme, sur les techniques et grâce aux petits sous-marins d'étude, on regarde la vie des grandes profondeurs, ces couleurs, ces formes, les épaves, les grottes, les animaux, les plantes... Partout sur le globe.
La Calypso était le premier bateau de biologie marine, d'expérimentation, de sciences, de travail en équipage pour découvrir tout ce qu'il y a sous l'eau. Je suis devenue biologiste...
Robinson Crusoë. Alors là, c'est l'attrait de l'île déserte. Tous les enfants (ou du moins ceux de notre génération), nous étions intéressés par ces enfants sauvages, Moogly, etc. Il y a d'une part les histoires de mutineries, les contrées sauvages dont on a déjà parlé. Là, c'est la catastrophe du naufrage et la vie sur une île déserte. Un rêve et une peur à la fois.
Puis Robinson rencontre Vendredi, une autre culture. Et les cannibales, ça c'est incroyable !
Mes lectures suivantes, logiques, "Vendredi et la vie sauvage", et enfin "Vendredi ou les Limbes du Pacifique". Trois versions successives d'une même histoire suivant mon âge.
La dernière d'ailleurs m'a surtout impressionné par un passage: La période végétale. Il entretien une sexualité avec l'île, enfantant des mendragores...
En mer comme sur une île déserte, on parle de solitude. L'être humain seul dans un univers immense, l'homme est face à sa condition. C'est flippant ! Le retour à la source, le commencement de notre vie sur Terre.
Bon, là ça commence à philosopher, je ne note pas tout, le ciel et les nuages qui sont le reflet de l'infini qui participe à l'horizon, les oiseaux qui volent au dessus des bateaux... voyez le genre... Ca suffira pour aujourd'hui.
Finalement, tous les thèmes qui nous intéressent aujourd'hui dans notre projet de voyage sont dans ces lectures.
La mer, sur l'eau, sous l'eau, la solitude, petit humain au milieu de tout ça, les explorations.
L'île est un refuge. J'espère que nous allons resentir ça. Après des jours en mer, sans voir aucun des repères habituels, enfin un jour voir une terre, une île, un havre.
L'idée du voyage, c'est aussi vivre au rythme de la nature, sans montre, ni télévision, ni téléphone, juste le ciel et l'océan, au milieu de cette nature.
Ces lectures m'ont fait rêver, juste rêver jusqu'à présent. Aujourd'hui, je vais enfin rejoindre le monde de ces lectures, prendre l'héritage des récits, de cette vonlonté d'aller sur les mers et de voyager, rencontrer des peuples avec une temporalité naturelle.
F
F&P, mais surtout F
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