20 juillet 2023 Néphyla est ancré dans la baie d’Aveiro, marée montante, 6 m d’eau sous la quille, fond de vase de bonne tenue, peu de vent, la nuit sera calme. Sur un voilier il y a plein de bruits, certains qu’on aime, certains qu’on n’aime pas, certains qu’on aurait envie d’entendre et certains qu’on redoute.
Dans le chapitre il y a un bruit qu’on aime, c’est celui du guindeau. Le guindeau, c’est une machine qui remonte l’ancre. Quand il y a le bruit du guindeau, c’est que j’appuie sur un bouton. Quand il n’y a pas le bruit du guindeau, ça veut dire qu’il est en panne et qu’il va falloir que je tire comme une mule pour remonter l’ancre à la main et les trente mètres de chaîne qui pèsent un âne mort. Et que je répare le guindeau… Démonter une machine vieille de 30 ans dont on a aucune idée de comment c’est foutu à l’intérieur… grrrr… (je préfère grongrongrongron, c’est le bruit du guindeau). Bon, ce n’était un connecteur tout mangé par l’air salin, c’est radio ponton qui me l’a dit. Ca a couté 2.62€ chez le petit réparateur/fournisseur de Povoa de Varzim. Guindeau réparé, demain matin, j’appuierai sur le bouton et hop, la chaine et l’ancre remonteront toutes seules.
J’aime quand la balancine du lazybag commence à claquer contre le mat, tac tac tac tac ça veut dire que le vent est entre 16 et 17 nœuds et que Néphyla file au moins à 6 nœuds, il faut prendre un ris si ça monte encore. Un bateau ça vous parle, ou du moins ça fait du bruit et si on veut le comprendre, ça dit des choses. Quand les deux balancines de lazybag claquent ensembles, Tac Tac Tac Tac c’est du vent à 25 nœuds et là il faut prendre le deuxième ris dans la grand voile. Je fais mon fortiche mais en fait on a aussi un indicateur de vitesse du vent qu’il suffit de regarder pour savoir d’où il vient et quelle est la vitesse. Mais c’est quand même Fun de s’imaginer que le bateau me parle.
Le bruit du moteur. On aime le matin, ça veut dire qu’on va partir en navigation. On enfile le gilet de sauvetage, on démarre le moteur, on sort du port et c’est parti l’aventure. On aime aussi le soir quand on approche de notre destination, on rentre les voiles et on allume le moteur. Ronron fait le moteur pour aller accoster au ponton. On n’aime pas le bruit du moteur quand il n’y a pas de vent et qu’il faut avancer à cause de l’heure de la marée ou un autre truc du genre. Ronronronronronron c’est chiant. En plus ça consomme du gazole et le réchauffement climatique prend encore une bonne bouffée d’air pleine de CO². On n’aime pas le bruit du moteur qui ne démarre pas. Rien à raconter là-dessus pour l’instant, je croise les doigts, je touche du bois, je demande que tous les croyants fassent une prière pour nous…PLEASE !!!
Le bruit des vagues. Ah le bruit des vagues le long de la jetée le soir au soleil couchant, les yeux tournés vers le lointain, les oreilles de chaque côté de la tête bien ouvertes…Pfouuuuuuuuuuu Ouais, en fait les oreilles sont toujours sur le côté de la tête bien ouvertes, c’est juste que quand on veut écouter, on entend les vagues, quand on ne veut pas, on peut passer des heures sur un port sans rien entendre de cette mélodie.
La drisse de grand voile (c’est encore une autre ficelle, pour la reconnaître sur Néphyla, on l’a choisie bleue. Bon, j’arrête, c’est un blog sur le bruit, pas sur la couleur des ficelles) La drisse de grand voile fait un bruit de claquement contre me mat quand on est au port. Florence a peur de déranger les personnes des autres bateaux avec ce claquement alors on éloigne la drisse pour qu’elle ne claque pas. Mais moi j’aime bien ça, quand elle fait clac clac clac clac.
Néphyla fait toute sorte de bruit quand elle avance. Le bruit du vent dans les voiles est tellement différent suivant la force et le réglage des voiles. Et la mature aussi a son bruit. Les haubans sifflent quand une risée les frotte. Il y a le bruit de l’eau contre la coque. Là c’est indéfinissable. Il y a tellement de variation suivant la vitesse du bateau, mais aussi simplement l’endroit où l’on est. Le bruit que fait Néphyla quand le vent est fort et vient de l’arrière. On surfe sur les grosses vagues, ça ronfle à l’arrière du bateau en faisant frououuouuouu. Quand on aura barré des milliers de miles, on pourra dire à quelle vitesse on va juste avec le bruit que fait Néphyla.
Le clapotis contre la coque quand on est couché. Il y a des gens qui ne supportent pas et qui disent qu’ils couchent dans la cabine avant les jours ou le clapotis touche l’arrière du bateau. Nous pas. On aime bien le clapotis, clap clap clap clap.
Ce soir, ça clapote pour nous, bonne nuit
P&F
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